Je vous l’ai mentionné dans mon précédent article, mon parcours vers un diagnostic clair et juste a été plus long que prévu. D’ailleurs, si vous n’avez pas lu la première partie de mon histoire, je vous invite à cliquer ici pour la lire. Ça vous aidera assurément à comprendre cet article. 

J’ai terminé mon dernier article en vous mentionnant que, la veille de Noël 2017, j’ai appris que j’allais devoir m’injecter de l’insuline parce que j’étais diabétique de type 1. Mais si vous vous souvenez bien, je vous ai aussi dit que mon cas semait la confusion chez plusieurs spécialistes. 

Il faut savoir qu’à ce moment-là, je n’avais pas encore rencontré d’endocrinologue, donc les spécialistes de la santé que je rencontrais étaient tous des généralistes, d’où la confusion. Ils ont tous fait un travail incroyable, ils ont été rassurants, ils ont répondu à beaucoup de questions… Mais ils n’étaient tout simplement pas en mesure d’expliquer mon cas.

Fin de la parenthèse.

On venait donc de me diagnostiquer un diabète de type 1, avec un astérisque (les mots de mon médecin pour m’expliquer que je n’étais pas une diabétique de type 1 typique vu mon âge). Concrètement, ça signifiait que je n’allais pas devoir m’injecter de l’insuline à tous les repas, mais seulement deux fois par jour: au lever et en soirée. 

Anecdote: la journée où je suis allée chercher mon insuline pour la première fois à la pharmacie, j’ai eu un petit cours 101 pour apprendre à bien m’injecter. Ce petit cours m’a été utile, mais m’a aussi complètement terrorisé. C’était en fin de journée, j’avais la tête pleine, j’étais épuisée, j’avais soif… J’ai eu un malaise en plein milieu de la pharmacie. Je suis tombée, entraînant dans ma chute un présentoir et tout mon nouveau matériel de diabétique. 

Bref, j’ai donc adopté ce nouveau mode de vie de décembre 2017 à mars 2018. Je me piquais deux fois par jour, mais ce n’était pas suffisant et je devais ingérer une quantité de glucides très minime pour que ma glycémie demeure dans une plage semi-correcte.

Honnêtement, mes souvenirs en lien avec cette période ne sont pas particulièrement joyeux. Tout était vraiment compliqué, j’étais toujours inquiète, anxieuse, confuse, je ne voyais pas comment je pourrais un jour avoir un quotidien relativement normal. 

On dit souvent que, quand on est diabétique de type 1, on a toujours ça en tête… Et c’est totalement vrai. Mais avant mars 2018, c’était à un niveau encore plus intense. Je n’arrivais pas à me concentrer sur des tâches pendant plus de 5 minutes parce que je pensais toujours à ma glycémie, à mes repas, au nombre de glucides que j’avais ingéré, au nombre de glucides que je pourrais manger, à l’activité physique que je devrais faire pour m’aider, etc. C’était littéralement sur repeat dans ma tête. 

Évidemment, tout n’était pas gris, mais c’était loin d’être rose. 

Et puis, en mars 2018, le miracle est arrivé. 

C’est à ce moment que j’ai été prise en charge par la Clinique Diabète de Rouyn-Noranda. J’ai fait la rencontre de deux grandes alliées, de précieuses humaines douces comme pas possible, patientes comme personne et sensibles à ce que je vivais: Marie-Ève et Cloé. Infirmière et nutritionniste, elles m’ont donné littéralement un cours 101 du diabète de type 1. Parce que pour elles, il n’y avait aucun doute: j’étais diabétique de type 1 et mon cas n’était pas si atypique. C’est vrai qu’il est rare de recevoir un diagnostic de diabète de type 1 à 25 ans, mais ce n’est pas anormal et je suis loin d’être la seule à qui c’est arrivé. 

Je trouve important de souligner leur travail parce qu’elles ont été de réels piliers pour moi à ce moment-là… et encore aujourd’hui! Elles m’ont donné tellement d’informations, elles ont répondu à toutes mes questions, mais aussi (surtout) à mes inquiétudes. C’est aussi grâce à elles que j’ai enfin été traitée comme une vraie de vraie diabétique de type 1 et que j’ai commencé à m’injecter de l’insuline 4 fois par jour. Oui, c’est 2 fois plus d’injections, mais c’est aussi 1 000 fois plus d’équilibre et de santé. Et ça vaut les 4 injections par jour, je vous l’assure!


D’ailleurs, parlons-en des fameuses injections. Pour être bien honnête, lorsque j’ai dû faire ma première injection, j’ai tellement pleuré. Ce soir-là, j’ai tenu mon stylo d’insuline pendant une bonne trentaine de minutes en pleurant. J’ai essayé la fameuse technique du décompte de 3 pour me piquer. Et je dois avoir compté jusqu’à 3 une bonne quinzaine de fois avant de réussir… et de me rendre compte qu’il n’y avait absolument rien là.

Je me fais souvent demander si ça fait mal. En fait, on me dit souvent: «Mon Dieu, je ne serais pas capable de me piquer moi, j’ai tellement peur des aiguilles». À ça, j’ai plusieurs réponses. La première: ce n’est pas un choix que j’ai. C’est littéralement une question de vie ou de mort. Je suis certaine que même si vous avez peur des aiguilles, vous seriez tous prêts à le faire si c’était ce qui vous permettait de rester en vie. Fun fact à propos de ça: je m’injecte de l’insuline au minimum 4 fois par jour (parfois plus), mais je suis toujours terrorisée par les aiguilles. Quand je dois aller prendre ma prise de sang, tous les trimestres, je suis encore ultra nerveuse et j’ai une petite grimace quand l’aiguille entre dans ma peau. D’ailleurs, ça m’amène à la deuxième partie de ma réponse: les aiguilles que j’utilise sont vraiment très minuscules (4 mm, précisément), ce qui fait que, règle générale, non, ça ne fait pas mal. Il y a certaines exceptions, il arrive que je sente un pincement… Mais je peux vous assurer que ça ne fait pas mal. Et ce n’est pas parce que je suis plus forte que quelqu’un d’autre ni parce que je suis désensibilisée: ce n’est réellement pas douloureux. 

Alors depuis mars 2018, je calcule absolument tous les glucides que j’ingère, que ce soit dans une boisson, un repas ou une collation. Je calcule aussi les unités d’insuline que je dois m’injecter en fonction du nombre de glucides ingérés. Je dois aussi surveiller ma glycémie régulièrement, gérer les hyperglycémies et, ce que je désteste le plus, les hypoglycémies. Maiiiiiis depuis octobre 2018, je ne me pique plus sur le bout du doigt pour connaître ma glycémie. J’ai maintenant un capteur de glycémie en continu sur mon bras qui me donne l’air d’un petit robot, mais qui me simplifie tellement la vie. 

Aujourd’hui, je me porte vraiment bien. J’ai mes petits défis quotidiens, comme toutes les personnes diabétiques, mais je suis excessivement reconnaissante d’avoir une maladie qui, bien qu’elle va m’accompagner toute la vie, se contrôle et me permet d’avoir un quotidien relativement normal.