En juillet 2017, je rencontrais un gastro-entérologue pour identifier la source de certains maux de ventre. Il m’a envoyé prendre plusieurs prises de sang, à travers lesquelles il y en avait une pour le diabète. À ce moment-là, pour moi, le diabète était la «maladie du sucre», je n’y connaissais absolument rien et, à la limite, j’en riais un peu.

Je sais, c’est horrible…

Mais le peu de connaissances que j’avais sur le diabète faisait en sorte que je banalisais vraiment ça en me disant que si on me diagnostiquait un diabète, je n’aurais qu’à manger moins de dessert et tout irait bien.  

La journée où je suis allée pour prendre ma prise de sang à l’hôpital, on a d’abord pris ma glycémie (la fameuse piqûre sur le bout du doigt) pour ensuite refuser de faire ma prise de sang en raison de ma glycémie trop élevée. Si vous connaissez un peu le diabète, vous comprendrez que c’est complètement ridicule et, encore à ce jour, je ne m’explique pas cette situation. Bref, on m’a retournée à la maison en m’indiquant que mon médecin serait informé de ça et allait prendre les mesures nécessaires pour me faire passer d’autres tests. 

Un peu naïvement, je suis rentrée à la maison sans angoisse, seulement un peu confuse de la drôle de situation que je venais de vivre. 

J’ai attendu l’appel du gastro-entérologue pendant de nombreuses semaines. Mais il ne m’a jamais rappelé. Je suis donc passée à autre chose en me disant que s’il y avait quelque chose d’alarmant, il m’aurait déjà téléphoné. 

C’est en novembre 2017, un peu plus de quatre mois après cette prise de sang avortée, que je suis allée rencontrer ma gynécologue pour un rendez-vous de routine. Comme je n’avais pas de médecin de famille à ce moment-là, c’est à elle que je confiais mes petits soucis de santé. Je lui ai donc parlé d’infections répétitives que je faisais depuis un bon moment déjà. Immédiatement, elle a eu des doutes à propos du diabète. 

L’histoire se répète. Elle m’envoie passer des prises de sang en me disant que s’il y avait un problème sur place, je pouvais l’appeler pour qu’elle deal avec les infirmières sur place. Elle m’a clairement dit: «Tu ne quittes pas cet hôpital tant que tu n’as pas fait ta prise de sang». Je me suis vite sentie rassurée. Pour la première fois, j’avais l’impression que quelqu’un avait profondément envie de m’aider.

Fun fact: la journée des prises de sang, c’était le 14 novembre. Et si vous l’ignorez, le 14 novembre est la Journée mondiale du diabète. À la télé, on parlait de cette journée. À la radio, on parlait de cette journée. Et moi, je me rendais à ce rendez-vous en ne me sentant pas concernée par cette journée… En espérant aussi très fort ne jamais avoir à être concernée. 

Quelques jours plus tard, ma gynécologue me rappelle en me disant qu’elle désire me rencontrer très rapidement. Je suis peut-être bien naïve et extrêmement optimiste, mais cet appel m’a quand même rapidement sonné une cloche. Je ne savais pas si j’étais diabétique (d’ailleurs, je ne connaissais même pas la différence entre le diabète de type 1 et le diabète de type 2), mais je savais qu’elle ne me convoquait pas pour me parler de la pluie et du beau temps. 

Je suis entrée dans son bureau et j’ai tout de suite su ce qu’elle allait me dire. J’ai eu l’immense chance d’avoir devant moi une spécialiste de la santé, mais surtout une femme douce et empathique. Elle m’a présenté les résultats de ma prise de sang et m’a recommandé de me rendre à l’urgence immédiatement pour rencontrer un médecin qui allait pouvoir poser un diagnostic officiel. 

C’est en mettant les pieds à l’urgence que j’ai réellement compris la gravité de la situation. Évidemment, je me doutais bien que je n’étais pas en danger de mort imminente. Mais je prenais tranquillement conscience que cette situation que je prenais vraiment à la légère était beaucoup plus importante que je le croyais. 

Toute seule dans la salle d’attente, j’ai pleuré. Si je le mentionne, ce n’est pas pour attirer la sympathie, mais plutôt pour faire un portrait juste de la situation. Passer cette crise de larmes sous silence serait l’équivalent d’effacer plus de la moitié de cette journée si importante dans mon parcours. Je pleurais d’insécurité, je pleurais de peur, de pleurais d’anticipation, je pleurais mon grand-papa qui nous avait quittés quelques mois plus tôt, dans ce même hôpital… 

Assise sur une chaise beaucoup trop dure et entourée de gens qui vivaient tous leurs petits et grands drames à leur façon, j’ai réfléchi beaucoup. J’ai fait des recherches. J’ai même contacté une connaissance qui était diabétique pour lui poser quelques questions, dans l’espoir de m’apaiser un peu. 

À ce moment-là, je ne savais pas encore si j’étais diabétique de type 1 ou de type 2. En fait, le diagnostic officiel à cet effet a été posé beaucoup plus tard dans le processus, je vous raconterai plus loin. J’avais l’impression que je ne correspondais à aucun profil de diabétique. Trop vieille pour découvrir un diabète de type 1 et trop jeune et en bonne santé pour un diabète de type 2. 

J’ai attendu environ 5 heures à l’urgence avant de rencontrer un médecin. J’étais tellement nerveuse… mais d’un autre côté, je savais qu’il ne m’apprendrait rien, il allait juste servir de deuxième avis pour confirmer ce diagnostic qui, à la base, était déjà évident vu les résultats des prises de sang. 

Et il a confirmé. Mais il n’était pas en mesure d’identifier si j’avais un diabète de type 1 ou de type 2, pour les mêmes raisons que j’ai nommées plus haut. J’étais un mystère de la nature. Plus tard, j’ai appris que mon cas n’avait rien de mystérieux, mais comme il était relativement atypique, ça a causé la confusion chez certains spécialistes. 

Il m’a donc prescrit des médicaments pour traiter le diabète de type 2, un glucomètre, des lancettes et des bandelettes. La trousse parfaite du diabétique qui allait désormais m’accompagner TOUTE LA VIE. 

Les semaines qui ont suivi ont été remplies de grandes confusions de mon côté parce que les médicaments adaptés au diabète de type 2 n’avaient absolument aucun effet sur moi. Comme je n’avais pas encore reçu d’éducation au sujet du diabète, je savais comment prendre ma glycémie, je connaissais les cibles à atteindre… mais je n’avais aucun outil et aucune ressource pour m’aider à les atteindre. Je voyais donc des nombres comme 25 apparaître sur mon glucomètre en sachant très bien que c’était beaucoup trop élevé, mais je n’avais aucune idée des actions à poser pour diminuer ce nombre. La grosse panique. 

À travers ça, j’ai passé plusieurs tests, rencontré différents spécialistes… pour qu’on m’annonce officiellement, la veille de Noël, que j’étais diabétique de type 1 et que j’allais devoir faire quelque chose qui m’effrayait TELLEMENT: m’injecter de l’insuline tous les jours. 

Me croyez-vous si je vous dis que l’histoire ne se termine pas là? Je vous raconterai la suite dans un deuxième article, dans quelques jours!