L’être humain est drôlement fait. 

Je suis drôlement faite. 

Depuis longtemps, je sais que je suis extrêmement privilégiée d’avoir eu un passé très doux. Adolescente, c’était une de mes plus grandes fiertés. Je n’avais pas d’histoire douloureuse à raconter et j’en étais très fière. 

Puis j’ai vieilli.

De nouvelles personnes sont entrées dans ma vie, avec toutes leurs histoires et leurs bagages. Et puis soudain, je me suis sentie complexée d’être «sans histoire». 

J’ai eu tendance à conserver ce complexe-là pour moi. Je ne voulais tellement pas avoir l’air de me plaindre le ventre plein. Je n’échangerais ma douce vie contre rien au monde. Mais des fois, j’ai l’impression que l’envers de la médaille peut être douloureux. Comme si mon doux passé ne m’avait pas permis de m’équiper et d’aller chercher des outils solides pour affronter la vie. 

Parce que oui, c’est ça la réalité. 

Avoir un passé simple et doux est un cadeau duquel je suis excessivement reconnaissante. Mais c’est aussi un petit handicap quand on devient adulte. Chaque mini bouleversement prend une ampleur démesurée. Chaque petite épreuve devient une montagne. Chaque défi est relevé avec les moyens du bord – pas toujours les meilleurs. Évidemment que c’est correct et que c’est ça, être humain. Mais au fond, ce que je veux partager, c’est que personne n’a une vie parfaite, malgré tout.

Honnêtement, je pourrais affirmer que 80% de ma vie est «parfaite». Du moins, elle est parfaite pour moi, dans le contexte dans lequel je suis actuellement. Mais le 20% restant, c’est des petits défis du quotidien qui me déboussolent complètement parce que je n’ai jamais eu l’habitude de me débrouiller par moi-même, de trouver des solutions ou de prendre sur moi. 

Loin de moi l’idée de me plaindre et de chercher des bibittes là où il n’y en a pas. J’écris ces lignes dans un seul but: vous partager ma réflexion et faire du bien à ceux et celles qui vivent avec le même «complexe». Je sais qu’on est plus nombreux qu’on le pense. J’ai longtemps pensé être la seule à vivre avec cet espèce de malaise intérieur, mais à force d’en parler autour de moi, j’ai pu constater qu’au contraire, il y a beaucoup de personnes qui, comme moi, n’osent pas trop se prononcer pour ne pas avoir l’air de se plaindre pour rien. Et j’ai arrêté de le voir comme ça. Je le vois vraiment plus comme un témoignage et une réflexion qu’une plainte ou du chialage. 

Parce qu’en réalité, on a tous le droit à nos défis, peu importe leur ampleur. 

Il n’y a pas des histoires plus légitimes que d’autres. 

Et ça, ça aura été difficile à comprendre… Mais je l’assimile tranquillement!